De Half Nelson à La La Land, le Ken d’Hollywood ne compte plus les grands rôles à son actif. Retour sur les 10 meilleurs films/rôles de Ryan Gosling.
Ancien bébé prodige du Club Mickey promo Britney Spears, Ryan Gosling a parcouru bien du chemin depuis qu’il dansait et chantait dans des spectacles pour enfants. Blue Valentine, The Nice Guys, Blade Runner 2049… entre films d’auteur indépendants et blockbusters explosifs, entre drames larmoyants et comédies déjantées, le blond préféré du cinéma américain a su exceller dans tous les domaines, tout en se renouvelant sans cesse.
Alors qu’il a séduit (encore une fois) la planète dans le Barbie de Greta Gerwig, il est temps de revenir sur dix des rôles les plus marquants qui ont jalonné son parcours exceptionnel (et non, on ne peut pas TOUS les citer, alors rajoutez vos préférés en commentaires) !
N’Oublie Jamais
Sortie : 2004 – Durée : 2h03
Le bisou, le bisou !
Ryan Gosling qui fait de la charpenterie, Ryan Gosling qui conduit une barque au milieu des oies blanches, Ryan Gosling en chemise mouillé par la pluie… Il n’y a pas à dire, N’oublie jamais a été un choix de carrière crucial pour l’acteur et le mythe qu’il s’est façonné. Car quoi qu’on pense du mélo de Nick Cassavetes (bien que son succès s’explique sans doute par sa manière d’assumer avec ferveur les codes old-school et cul-cul du genre), sa suite d’images d’Epinal à l’eau de rose a grandement contribué à l’image qu’on se fait de la star en tant que grand romantique torturé.
Et pourtant, derrière les critiques évidentes qu’on peut faire au long-métrage, il en ressort l’élégance du Hollywood classique, dont les compositions sobres sont entièrement tournées vers les acteurs et leur performance. Sur ce point, l’alchimie entre Ryan Gosling et Rachel McAdams peut difficilement être remise en question (les deux se sont mis en couple pendant plusieurs années après le film), autant dans leurs moments de tendresse que durant leurs scènes d’engueulade déchirantes.
N’oublie jamais en fait souvent des caisses, mais ses comédiens y trouvent un écrin parfait pour refléter tout leur talent. Ryan Gosling est immédiatement devenu un sex-symbol.
Half Nelson
Sortie : 2006 – Durée : 1h42
En 2006, c’est avec Half Nelson que Ryan Gosling obtient définitivement sa “street credibility”, sa carte d’acteur dramatique talentueux de films indépendants. Exit son passé d’enfant précoce au Club Mickey et ses rôles clichés d’ado torturé ou romantique. Dans ce film réalisé par Ryan Fleck (bien avant qu’il co-réalise Captain Marvel en 2019 avec Anna Boden, aussi co-scénariste d’Half Nelson), Gosling interprète Dan Dunne, un professeur de collège idéaliste qui souffre de ne pas pouvoir offrir un monde meilleur à ses élèves en difficulté. Sombrant dans la drogue, c’est finalement le maître qui va apprendre de l’élève pour remonter la pente.
Avec un rôle à la fois fort et nuancé, Ryan Gosling sort de sa chrysalide et montre ce dont il est réellement capable. Tant et si bien que, cette année-là, il est nommé pour la première fois à l’Oscar du meilleur acteur et est largement acclamé par la critique pour sa performance d’enseignant dépressif. La carte du film à la fois qualitatif et politique est jouée, et le succès est au rendez-vous. Si l’acteur n’est pas encore propulsé au rang de star internationale et que sa véritable explosion n’arrivera qu’après, Gosling ne reviendra presque plus jamais aux seconds rôles après ça, et Half Nelson reste aujourd’hui dans les mémoires comme un de ses rôles les plus touchants.
Une Fiancée pas comme les autres
Sortie : 2007 – Durée : 1h46
Ryan Gosling ne saurait laisser passer une occasion de casser son image de sex-symbol et, en 2007, Une fiancée pas comme les autres est l’occasion parfaite pour lui de continuer à affirmer des choix de carrière intéressants (et de mettre à mal son air de gendre idéal). Dans ce film de Craig Gillespie, Gosling interprète le très coincé, très timide et très névrosé Lars, dont la petite amie n’est autre qu’une poupée sexuelle en silicone qu’il voit comme une vraie personne. À travers ce jouet grandeur nature, Lars va réussir à exprimer petit à petit son affection à son entourage.
Frais, décalé et terriblement émouvant, Une Fiancée pas comme les autres offre à Ryan Gosling un rôle en or, et sa performance sera, une nouvelle fois, acclamée par la critique. Si le film (dont le scénario figurait pourtant sur la fameuse Black List d’Hollywood) n’est pas un succès au box-office, il est peut-être l’un des meilleurs témoins du talent de Gosling, qui joue ici à contre-emploi avec un impressionnant degré de sincérité et de subtilité.
Si l’acteur reviendra plus tard aux rôles mutiques comme dans Drive, rares seront ceux qui seront aussi innocents et touchants que celui de Lars. À ces côtés, un formidable casting (Emily Mortimer en tête) soutient sa performance et élève ce film au rang de véritable perle dans sa filmographie.
Blue Valentine
Sortie : 2011 – Durée : 1h54
Noces de plomb
Blue Valentine n’a pas été conçu de manière conventionnelle. Derek Cianfrance (dont c’était le premier film) l’a développé durant des années, et Michelle Williams et Ryan Gosling s’y sont accrochés malgré les difficultés pour réunir le budget. Pour se préparer au tournage, ils ont loué une maison pour vivre ensemble, avec les courses, les disputes et tout ce qui leur permettrait de créer ce couple à l’écran. Et sur le plateau, ils ont en partie improvisé les dialogues.
La petite magie de Blue Valentine provient forcément de ce contexte extraordinaire et d’autant plus beau qu’il raconte au final la plus simple d’histoires : ils s’aimaient à la folie, mais la vie leur a roulé dessus jusqu’à tout foutre en l’air. En cinq ans, on passe du presque début de comédie romantique (il y a une sérénade au ukulele, mais aussi une histoire de grossesse moyennement joyeuse) au véritable drame du quotidien (plus de ressentiment, moins de désir, et plus aucun moyen de communiquer et s’écouter).
C’est Michelle Williams qui a été nommée aux Oscars, mais Ryan Gosling ne démérite pas dans le rôle de Dean. Évidemment parfait lorsqu’il doit incarner la belle gueule charmante au début du film, il se transforme avec les sentiments du couple pour devenir l’antithèse du bellâtre. Et c’est dans cette bascule qu’il impressionne.
Crazy, Stupid, Love
Sortie : 2011 – Durée : 1h47
“Ce jour-là, l’humanité s’en est souvenue”
Avant de devenir le nouveau bellâtre taiseux et mystérieux d’Hollywood avec Drive, Ryan Gosling a d’abord continué d’égratigner son image de gendre idéal (déjà bien entachée dans Une fiancée pas les autres) et de loveur torturé qui court vers l’être aimé sous la pluie avec Crazy, Stupid, Love réalisé par Glenn Ficarra et John Requa. L’acteur, qui venait à peine de dépasser la trentaine, se moque indirectement de son statut de sex-symbol en incarnant Jacob, un expert en séduction et “surdoué du plumard” légèrement toxique avec les femmes, qui se révèle être un gendre plus cauchemardé que rêvé.
Bien avant d’incarner sa propre caricature avec brio dans Barbie, Ryan Gosling avait donc déjà insufflé une bonne dose de second degré et d’auto-dérision à sa filmographie jusqu’ici plus dramatique qu’humoristique. Il fait ainsi tomber la chemise et quelques mâchoires au passage, mange de la pizza en costume et au ralenti, expose un peu trop fièrement ses parties intimes à Steve Carell et balance les pires phrases de dragueur avec un sourire en coin, tout ça dans un ridicule parfaitement assumé et joué.
De quoi révéler tout le potentiel comique de l’acteur, qui a ensuite été mis à profit dans The Nice Guys et le film de Greta Gerwig. Crazy, Stupid, Love a également marqué une première collaboration et alchimie évidente avec Emma Stone, qu’il a par la suite retrouvé dans La La Land.
Drive
Sortie : 2011 – Durée : 1h40
Derrière ses rôles de beau gosse presque trop simples pour lui, c’est sûrement grâce à Drive que Ryan Gosling a vraiment montré l’étendue de son talent d’acteur. Dans la peau de ce mystérieux conducteur sans nom, cascadeur hollywoodien le jour et chauffard la nuit, il livre une de ses performances les plus sexy. Une de plus, il est vrai, mais, cette fois, à travers une partition taciturne où il s’appuie uniquement sur son sourire impassible, ses yeux et son langage corporel.
Sans dévoiler son torse légendaire et préférant garder sa fameuse veste scorpion, il parvient à séduire et émouvoir, notamment lors d’une scène d’ascenseur mémorable, mêlant geste d’amour hors du temps et extrême violence en une fraction de seconde. Une performance mutique combinée à une rage intérieure qui va devenir l’une de ses marques de fabrique.
Après Drive, il a en effet repris un rôle très similaire, toujours pour Nicolas Winding Refn, dans Only God Forgives. Avec Julian, personnage encore plus étrange et plus brutal, oscillant entre un besoin d’amour et une violence purificatrice, son pouvoir d’hypnose y est d’autant plus puissant. Et si ce jeu stoïque lui a souvent été reproché, sa belle continuité dans Blade Runner 2049 en K – personnage enfouissant également ses émotions, flegmatique et furieux – prouve la force de ses incarnations et la rigueur de ses choix de carrière.
The Place Beyond the Pines
Sortie : 2013 – Durée : 2h20
Emo(uvant)
Après Blue Valentine, Ryan Gosling a prouvé la viabilité de son association avec Derek Cianfrance en incarnant Luke, un as de la moto tatoué qui vogue à travers le pays, quand il ne s’adonne pas à quelques braquages. Avec ses textures pastel et son attrait sur les tréfonds d’une Amérique désolée, The Place Beyond the Pines est un drame d’une beauté ahurissante sur des laissés pour compte qui refusent le déterminisme social auquel on les voue.
Cianfrance joue de ce contraste entre la dure réalité de ses décors, des corps qui les habitent et la douce rêverie de sa mise en scène éthérée, qui rattrape toujours ses personnages. Le réalisateur en profite d’ailleurs pour exploiter au mieux la popularité acquise par Gosling depuis Drive, et tirer de sa présence un twist inattendu. Mais la caméra sensible du réalisateur capte surtout à merveille la finesse de jeu du comédien, et ce personnage bouleversant de père raté, qui tente comme il peut d’être auprès de son fils alors que tout les sépare.
Les non-dits et la maladresse caractérisent ce corps que l’on pense dans un contrôle total de soi, alors qu’il se perd dans une sensibilité à fleur de peau qui le dépasse. C’est dans cette bascule que Gosling se montre brillant, notamment lors d’une séquence de baptême qui fait aisément monter les larmes. L’un de ses plus beaux rôles.
The Nice Guys
Sortie : 2016 – Durée : 1h56
Circulez y’a Ryan à voir
On ne veut rien entendre : The Nice Guys est tout en haut parmi les meilleurs films/rôles de Ryan Gosling. A-t-il déjà été aussi drôle et aussi bien dirigé que par Shane Black ? Comment faire mieux que ces scènes hilarantes où il hurle parce que Russell Crowe lui remet en place un os, où il jette un flingue par la fenêtre grâce à un sens du timing formidable, où il tombe d’un balcon en jouant un peu trop bien la comédie, et où il ravale sa salive en tremblant après avoir vu un type passer par la fenêtre ?
Dans le rôle de ce détective privé pas très pro, Ryan Gosling incarne à merveille tout le cinéma de Shane Black : un mélange de candeur, de maladresse et de bêtise, avec en toile de fond un monde complètement absurde et finalement inquiétant. Il a déjà été drôle avant et après ce film, mais rarement avec un sens du timing si impeccable, et rarement avec un scénario si malin et riche qui lui permet de jouer à ce point sur les silences et la comédie physique.
Petit bide à sa sortie en 2016 (budget de 50 millions, environ 62 au box-office), The Nice Guys a heureusement continué sa route depuis, et rassemble de plus en plus au fil des années. Chez Ecran Large, on l’a défendu avec passion dès sa sortie, et on ne manquera pas de le rappeler jusqu’à notre mort.
La La Land
Sortie : 2017 – Durée : 2h08
Après avoir judicieusement diversifié ses choix de films et ses rôles, voir Ryan Gosling replonger la tête la première dans une comédie romantique très premier degré n’était pas forcément engageant. Surtout qu’il y incarne un autre beau gosse en mal d’amour malgré sa chevelure impeccable, avec cette fois la corde “musicien et artiste incompris” à son arc d’amant maudit. Mais en acceptant de rempiler pour jouer l’amoureux transi un poil sarcastique dans le film de Damien Chazelle, Ryan Gosling a surtout révélé d’autres facettes de son talent, en l’occurrence le chant et la danse (qu’il a d’ailleurs remis à profit dans Barbie).
Même si son histoire d’amour convenue avec le personnage d’Emma Stone n’a rien de transcendant et que son regard badin et ses roucoulades ne sont plus aussi séduisants qu’à ses débuts, l’énergie et le soin qu’il met dans les chorégraphies et parties chantées confèrent au film une grande partie de sa chaleur candide et de sa rigueur technique. Cette triple performance lui a d’ailleurs valu sa seconde nomination pour l’Oscar du meilleur acteur, en plus de nombreux posters à son effigie dans les chambres d’adolescentes.
First Man
Sortie : 2018 – Durée : 2h21
“Houston, we have a great actor”
Depuis ses premiers films, Damien Chazelle semble s’auto-mettre en scène, ou du moins questionner un rapport au monde ambigu, à la fois ouvert aux fantasmes de cinéma qu’il convoque, et profondément désenchanté. La toile blanche qu’est devenue avec le temps Ryan Gosling a fait du comédien un alter-ego idéal du cinéaste, et lui confier le rôle de Neil Armstrong sonnait bien vite comme une évidence.
L’idée est d’autant plus passionnante que l’acteur n’a pas vraiment l’opportunité de s’approprier un biopic du premier homme à avoir posé le pied sur la Lune. First Man est avant tout une réflexion bouleversante sur l’Amérique, ses mythes et l’hypocrisie avec laquelle ils ont parfois été évoqués. Tandis que le monde s’interroge sur la nécessité d’explorer l’espace, Armstrong est en quête désespérée de transcendance, bien loin des considérations futiles de notre monde et de la Guerre froide. Au-delà du deuil qu’il doit affronter, le personnage se lance dans une aventure d’une grandeur folle, pour mieux être renvoyé à une intimité touchante.
La sensibilité de Chazelle fait alors des merveilles, et s’accroche aux quelques émotions que Gosling distille au fur et à mesure du long-métrage, jusqu’à cette fin sublime (dans le sens originel du terme) en IMAX, contrastée par cette ultime scène où deux mains cherchent à se rapprocher, malgré la vitre qui les sépare.
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