Les 10 Meilleurs Films de Joaquin Phoenix à (re)voir absolument

Inherent Vice, Her, Joker, Gladiator… quels sont les 10 meilleurs films/rôles de Joaquin Phoenix ?

En 35 ans de carrière, près de 40 films et un Oscar (meilleur acteur pour Joker) après plusieurs nominations, Joaquin Phoenix n’a pas volé son statut d’acteur incontournable.

Il a tourné avec de grands cinéastes (Ridley Scott, Philip Kaufman, Woody Allen, Gus Van Sant, Oliver Stone, Jacques Audiard, M. Night Shyamalan, Paul Thomas Anderson), a créé une relation privilégiée avec le réalisateur James Gray pour lequel il a tourné quatre films et a surtout varié les styles notamment avec des metteurs en scène moins confirmés (Garth Davis, Ari Aster). Bref, il est devenu l’acteur que tout le monde s’arrache, quel que soit le registre.

En 2023, il sera prochainement à l’affiche de Napoleon pour Ridley Scott (23 ans après Gladiator), mais il est surtout d’ores et déjà à l’affiche du délirant Beau is Afraid. L’occasion parfaite de revenir sur 10 grands rôles et films majeurs, qui ont forcé sa stature (et non désolé, il n’y a pas Walk The Line et son absence divise la rédaction).

 

https://www.youtube.com/watch?v=G7rj5YzV0pk

 

prête à tout

Sortie : 1995 – Durée : 1h46

 

Nicolle

 

Avec la mort tragique de son frère River en 1993, Joaquin Phœnix connaît un passage à vide dans les balbutiements de ses débuts d’acteur. Lorsqu’il revient à l’écran en 1995, c’est pour, cette fois-ci, réellement démarrer sa carrière. C’est Gus Van Sant qui lui met le pied à l’étrier, un réalisateur indépendant déjà connu à l’époque pour Drugstore Cowboy et My Own Private Idaho. Il lui confie un rôle dans Prête à tout, une comédie noire dans laquelle Nicole Kidman interprète une jeune femme ambitieuse qui séduit un adolescent pour le pousser à assassiner son mari.

Joaquin Phœnix hérite du rôle dudit adolescent, un benêt manipulable affolé par son désir pour la sculpturale Suzanne. Pour son amour, il exécutera avec son comparse l’encombrant mari incarné par Matt Dillon. Le film est présenté pour la première fois au Festival de Cannes de 1995, et remporte un succès à la fois public et critique lors de sa sortie en salles. La performance de Phœnix est remarquée, et les critiques saluent sa performance impeccable. Il n’en fallait pas plus pour lancer la future star, qui retrouvera Gus Van Sant des années plus tard, en 2018, pour le film Don’t Worry, He Won’t Get Far on Foot

 

gladiator

Sortie : 2000 – Durée : 2h35

 

Gladiator : Joaquin PhoenixGlaive général

 

Phoenix se fait remarquer auprès du grand public et de la scène internationale grâce à non moins que Ridley Scott, qui le choisit en 2000 pour incarner le grand méchant de son péplum Gladiator. Face au héros Maximus (Russel Crowe), il est Commode, l’empereur cruel et meurtrier : une performance qui lui vaudra une nomination à l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle et à de nombreux autres prix. Faisant fi de toute rigueur historique, le personnage de Commode est certes inspiré du véritable empereur romain du même nom qui régna de 180 à 192, mais pioche aussi beaucoup dans la personnalité de l’empereur Caligula, encore plus taré que l’autre.

Comme Caligula, le personnage incarné par Phoenix aime sa sœur d’un peu trop près et ferait tout pour gagner toujours plus de pouvoir. Comme le véritable Commode, il adore voir les gladiateurs se faire massacrer dans l’arène, quitte à s’y retrouver lui-même de temps à autre. Phoenix trouve ici l’occasion de prouver qu’il est capable d’incarner placidement un personnage inquiétant, profondément cruel et incontrôlable. Il tient fièrement tête à Russell Crowe, et sort tout comme lui auréolé de cette fresque historique aux accents de Ben-Hur, suite à laquelle Hollywood lève son pouce pour la suite de sa carrière.

 

The YARDS

Sortie : 2000 – Durée : 1h55

 

The Yards : photo, Mark Wahlberg, Joaquin PhoenixLa Nuit leur appartient aurait pu y être aussi oui on sait

 

C’était la première collaboration entre Joaquin Phoenix et James Gray, avant La Nuit nous appartient, Two Lovers et The Immigrant. Et c’était déjà une histoire de gangsters, centrée sur un Mark Wahlberg sorti de prison et immédiatement réembarqué dans de sales histoires par sa famille. Comme dans La Nuit nous appartient, Joaquin Phoenix est du mauvais côté de la loi : c’est le chef de bande, qui se fait de l’argent en intimidant et sabotant des concurrents dans le secteur ferroviaire de New York. Et comme dans La Nuit nous appartient, ça finira mal pour lui et à peu près tout le monde.

The Yards est donc une tragédie, et le personnage de Joaquin Phoenix l’incarne parfaitement. Le charme masque la violence, et la belle gueule cache le monstre. Willie est une bombe à retardement, et le film devient un tic-tac jusqu’à l’inévitable. Difficile de ne pas repenser à cette scène finale entre lui et Erica, incarné par Charlize Theron, qui scelle le destin de toute cette famille en un instant. 

L’autre tragédie, c’est celle du film lui-même, qui a failli être tué par les Weinstein, lesquels ont notamment modifié la fin. La sélection au Festival de Cannes aurait pu sauver la mise, mais The Yards y a reçu un accueil plus que mitigé, si bien qu’il a été sorti en catimini au cinéma pour être, sans surprise, un beau flop au box-office (à peine 3 millions, pour un budget de 24 millions).

 

two lovers

Sortie : 2008 – Durée : 1h50

 

Two Lovers : Photo Joaquin PhoenixRegard perdu pour amour retrouvé

 

On aurait évidemment pu choisir La nuit nous appartient (ou même The Immigrant), mais avec The Yards d’ores et déjà dans la liste, on a préféré jeter notre dévolu sur Two Lovers tant le rôle s’éloigne de ses autres collaborations avec James Gray. Loin des pots-de-vin et des fusillades de mafieux, Joaquin Phoenix explore cette fois son premier grand rôle de solitaire au coeur brisé.

Dans la peau de Leonard Kraditor, il incarne un jeune homme hésitant à épouser la femme que ses parents ont choisie pour lui ou écouter ses sentiments en tentant une aventure avec sa voisine pour qui il a eu un coup de foudre. Et forcément, à devoir voguer entre la raison et le coeur, choisir et donc devoir renoncer, Joaquin Phoenix nous plonge à travers ses pérégrinations nocturnes, ses échanges passionnés, ses indécisions intimes et surtout sa lente remise en question personnelle.

Une quête complexe et agitée du bonheur qui trouve pourtant sa beauté dans une performance tout en intériorité. Joaquin Phoenix met en effet son énergie de côté pour laisser son corps, ses mouvements vacillants, son regard égaré, parler pour lui. En résulte, une des performances les plus subtiles de sa carrière et probablement celle qui rend le film de James Gray si terrassant (malgré les présences lumineuses de Vinessa Shaw et Gwyneth Paltrow).

 

i’m still here

Sortie : 2010 – Durée : 1h48

 

I'm Still Here - The Lost Year of Joaquin Phoenix : Photo Joaquin PhoenixDrogue, sexe et rap, tout un programme

 

Treize ans après la sortie de I’m Still Here, chacun sait que le documentaire suivant la prétendue reconversion de Joaquin Phoenix en rappeur raté est en fait un énorme canular. Sauf qu’en septembre 2010, tout le monde pensait que le film en question racontait bel et bien la descente aux enfers de l’acteur chouchou d’Hollywood. Certes, plusieurs médias doutaient de la véracité du projet, mais si la supercherie a si bien fonctionné, c’est avant tout grâce à l’incroyable performance de Joaquin Phoenix.

Car plus qu’un simple rôle de composition, l’acteur y a finalement joué sa propre vie, se devant d’incarner ce rappeur de pacotille, violent, amorphe, bedonnant, barbu… pendant deux longues années (entre 2008 et 2010 donc). Qu’il participe à un late show pour promouvoir Two Lovers sans jamais réussir à sortir un mot ou se batte avec un spectateur lors d’un de ses lives en public, le tout dans une ambiance complètement irréelle (comment la star a-t-elle pu tomber si bas ?), Joaquin Phoenix y a donné littéralement son identité pour une expérience artistique.

Depuis, le film a très mal vieilli, le mockumentaire réalisé par Casey Affleck ressemblant surtout à un délire de gros beaufs à la Jackass, mais impossible de nier son audace. Et ce ne serait pas déconnant de se dire que la quête intérieure de son personnage de Two Lovers a donné envie à Joaquin Phoenix d’expérimenter une réflexion existentielle grandeur nature.

 

the master

Sortie : 2013 – Durée : 2h17

 

The Master : photo, Philip Seymour Hoffman, Joaquin PhoenixUn battle pas comme les autres

 

The Master est une oeuvre charnière et essentielle dans le parcours de l’acteur. Il revient enfin en 2012, après le délire malaisant de I’m Still Here, en compagnie du génie Paul Thomas Anderson. Et cette association, dans ce contexte relève du doux rêve éveillé, provoquant la fébrilité bouillonnante des cinéphiles en manque.

L’acteur se retrouve face à un autre titan, Philip Seymour Hoffman, dans un duel d’artistes au sommet. Joaquin Phoenix se sert de toute son angoisse à fleur de peau pour magnifier cette relation ambiguë où l’affection paternelle se confond à la torture psychologique. L’acteur est hypnotique, une véritable bête en cage et fascine dans ce rôle taillé sur mesure pour son énergie brute. 

Malgré son sujet (la scientologie indirectement), l’émotion prend le pas et le film se mue en histoire d’amour par la grâce de son magnifique duo, particulièrement Joaquin Phoenix, incandescent dans ce rôle au bord de l’implosion. Il émeut autant qu’il effraie et lui seul aurait pu donner autant de force à ce personnage meurtri. L’acteur donne alors un nouvel élan à sa carrière avec à la clé une nomination à l’oscar du meilleur acteur (sa deuxième dans cette catégorie).

 

her

Sortie : 2014 – Durée : 2h06

 

Her : photo, Joaquin PhoenixHer-oïne

 

La rencontre entre Joaquin Phoenix et le réalisateur et scénariste Spike Jonze (Dans la peau de John Malkovich, Adaptation) était une évidence, tant les deux semblent dotées d’une sensibilité un peu extraordinaire. Her le confirme : c’est une petite merveille douce-amère, qui raconte la solitude et donc, l’importance des relations humaines ou non.

Dans un Los Angeles futuriste qui ferait un très bon épisode de Black Mirror, Joaquin Phoenix incarne Theodore Twombly, employé d’une entreprise qui écrit à la place des gens des lettres destinées aux proches. Et parce qu’il a aussi ses problèmes, il se retrouve avec une intelligence artificielle qui évolue et apprend, sous la forme d’une voix. Évidemment, c’est la voix de Scarlet Johansson. Évidemment, Theodore va tomber amoureux de “Samantha”. Et évidemment, c’est perdu d’avance.

Après Two Lovers, Joaquin Phoenix retrouve les habits d’un petit homme presque ordinaire, semblable à un petit animal trop doux pour un monde de brutes. Et malgré la SF, c’est encore plus sobre, simple et pur. En un film, Spike Jonze raconte toute la beauté et la douleur de l’existence, grâce à une écriture de haut vol (jusqu’aux seconds rôles, comme Olivia Wilde), et un casting fantastique pour faire croire à l’incroyable.

 

inherent vice

Sortie : 2015 – Durée : 2h29

 

Inherent Vice : Photo Joaquin PhoenixYo

 

Pour la promotion de Beau is Afraid, Joaquin Phoenix a expliqué qu’il ne fallait surtout pas consommer de champignons avant de regarder le film. En revanche, c’est peut-être un conseil qu’il donnerait pour se plonger dans l’atmosphère vaporeuse de l’incroyable Inherent Vice. Bien que le film soit injustement mal aimé (puisque c’est l’un des plus brillants de la carrière de Paul Thomas Anderson), tout le monde s’accorde à dire que Joaquin Phoenix y livre une prestation inoubliable, et sans doute la plus drôle de sa filmographie.

Avec une coiffure hirsute, des favoris touffus et une excentricité de tous les instants, Joaquin Phoenix se donne corps et âme dans la peau de Doc Sportello. Il faut dire que le détective hippie inventé par Thomas Pynchon est un terrain de jeu immense. Sa folie laisse la porte ouverte à des réactions démesurées (ce cri devant une photo…) et l’enquête labyrinthique l’oblige à se métamorphoser dans la limite du possible. Et dans le genre hippie défoncé tentant de réprimer ses hallucinations pour ne pas se faire choper, Joaquin Phoenix semble complètement dans son élément.

Toutefois, c’est finalement dans le registre mélancolique (encore) que l’acteur se démarque, notamment quand ses réflexions de fumeurs de marijuana se muent en poésie d’amoureux naïf et sincère. Car Joaquin Phoenix incarne un amant au coeur brisé cherchant par tous les moyens à sauver la femme (splendide Katherine Waterston) qui ne cesse de jouer avec ses sentiments. Un rôle dans lequel il excelle.

 

a beautiful day

Sortie : 2017 – Durée : 1h30

 

A Beautiful Day : photoMaman j’ai peur

 

Le titre original de A Beautiful Day, dernier long-métrage de Lynne Ramsay réalisé plus de cinq ans après We Need to Talk About Kevin, est You Were Never Really Here. Un intitulé décrivant plus la psyché du personnage que la carrure de Joaquin Phoenix, pour le coup bien présent. Le comédien, déjà passé par des rôles de vicieux ou de grands romantiques, est ici contre toute attente une masse mouvante et mutique, qui s’abat sur ses ennemis tel un énorme marteau, parfois au sens propre du terme.

Déjà, il s’empare du registre scorsesien, puisque le film est très clairement une variation sur les thèmes de Taxi Driver. Mais plutôt qu’interpréter une victime instable se muant en super-vilain, comme il le fera deux ans plus tard, il joue directement les bourreaux taiseux. Et ce n’est peut-être pas le rôle qui lui a demandé le plus de préparation. Non pas parce qu’il trucide des mafieux sur son temps libre, mais parce qu’il est le cauchemar des journalistes, répondant d’un simple “oui”, “non” ou “hmm” à des questions de plusieurs lignes. Il mène sa barque avec autant d’adresse que de mépris assumé pour l’exercice promo, preuve qu’il est devenu indispensable au cinéma hollywoodien (et qu’il reste droit dans ses bottes).

C’est d’ailleurs pour le rôle de Joe qu’il a remporté l’une des distinctions les plus prestigieuses de sa carrière, le prix de la meilleure interprétation masculine au Festival de Cannes. Même si bien entendu, il ne compte pas parmi les plus grands défenseurs des cérémonies de récompenses.

 

joker

Sortie : 2019 – Durée : 2h02

 

Joker : photo, Joaquin PhoenixUne performance littéralement hallucinante

 

Si Joaquin Phoenix avait déjà fait ses preuves, incarner le Joker n’était pas une mince affaire pour autant. Encore moins après la performance de Heath Ledger dans The Dark Knight, que le public a découvert après sa mort tragique. Cette reconnaissance posthume a ainsi canonisé sa version du méchant, longtemps considérée comme indépassable. Le nom de Todd Phillips à la réalisation pouvait également inquiéter, comme le parti-pris d’éviter toute confrontation avec Batman ou autre justicier masqué.

De plus, le personnage est particulièrement complexe et insaisissable, un clown imprévisible qui jongle entre deux extrêmes : le bouffon et le psychopathe. De quoi vite tomber dans un cabotinage risible (coucou Jared Leto). Mais c’est peut-être parce qu’on n’y croyait pas vraiment que Joker a pris tout le monde (ou presque) de court. La mise en scène et la musique d’Hildur Guðnadóttir participent à l’ambiance lugubre et inquiétante du long-métrage, mais c’est bien Joaquin Phoenix qui accapare l’attention et porte le récit sur ses épaules frêles.

L’acteur a perdu environ 25 kilos et offert un jeu parfaitement contradictoire, inspirant d’abord la pitié avec candeur et sa dégaine décharnée, pour mieux glacer le sang par la suite. Sa prestation est habitée, aussi envoûtante que malaisante, à l’image de cette dance improvisée qui reste un pur moment de cinéma.

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Les 10 Meilleurs Films de Joaquin Phoenix à (re)voir absolument