Governator Arnold Schwarzenegger

« Je suis finalement arrivé [aux États-Unis] en 1968. (…) Je me souviens de mon arrivée ici avec les poches vides, mais plein de rêves, plein de détermination, plein de désir. » (Arnold Schwarzenegger, le 31 août 2004 à la Convention républicaine à New York).

L’Américain Arnold Schwarzenegger fête son 75e anniversaire ce samedi 30 juillet 2022. Né près de Graz, en Autriche, il est issu d’une terre qui était particulièrement perméable au nazisme avant la guerre. Il est surtout connu pour être l’un des acteurs les plus célèbres d’Hollywood, mais il y a plusieurs Arnold à la fois.

Et d’abord, il est l’émigré autrichien, ou plutôt, si on se place du côté américain, l’immigré autrichien. Arnold Schwarzenegger est allé aux États-Unis en 1968 pour conquérir le monde, un remake typique du rêve américain (il a obtenu la nationalité américaine en 1983). Il est aussi le champion hors catégories du culturisme (j’avoue que je m’interroge sur l’aspect esthétique de la compétition), cinq fois Mister Univers et sept fois Mister Olympia. Il est également un homme d’affaires aguerri qui avait misé au bon moment sur l’immobilier, au début des années 1970 et qui a beaucoup gagné. Enfin, il est l’acteur connu, célébrissime, celui d’une trentaine de films souvent populaires. Le culturisme lui a donné la clef pour ouvrir les portes d’Hollywood, car le métier d’acteur était aussi l’un de ses meilleurs rêves, et là non plus, il n’a pas été déçu.

Arnold Schwarzenegger (qui se faisait appeler à l’origine de sa carrière cinématographique Arnold Strong car on considérait que son nom était impossible à prononcer pour un citoyen américain) a finalement popularisé son nom d’origine germanique avec sa participation en héros dans le film “Conan le Barbare” de John Millius (sorti le 7 avril 1982) qui a été un grand succès commercial.

Parmi les films connus, on peut citer l’incontournable “Terminator” de James Cameron (sorti le 26 octobre 1984), et ses suites ; “Predator” de John McTiernan (sorti le 12 juin 1987) ; “Running Man” de Paul Michael Glaser (sorti le 13 novembre 1987), une adaptation très libre d’un roman de Stephen King, mais aussi un plagiat reconnu d’un film d’Yves Boisset (“Le Prix du danger”) ; “Total Recall” de Paul Verhoeven (sorti le 1er juin 1990) avec Sharon Stone ; “Un flic à la maternelle” de Ivan Reitman (sorti le 21 décembre 1990) ; “True Lies” de James Cameron (sorti le 15 juillet 1994), un remake de “La Totale !” de Claude Zidi ; “L’Effaceur” de Chuck Russell (sorti le 21 juin 1996) ; enfin “À l’aube du sixième jour” de Roger Spottiswoode (sorti le 17 novembre 2000).

Contrairement à son rival, collègue et ami Sylvester Stallone, Arnold Schwarzenegger n’a pas joué seulement dans des films d’action mais aussi dans des comédies. Certains films où Arnold Schwarzenegger a joué sont très violents, en particulier “Predator”. De tous les plus connus, j’ai apprécié seulement “Total Recall” dont l’idée originale est bien servie par sa réalisation.


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Mais Arnold Schwarzenegger n’est pas seulement tout cela, homme d’affaires à succès, champion de culturisme, acteur star d’Hollywood, il est encore un homme politique. Dès son entrée aux États-Unis en 1968, Arnold Schwarzenegger s’est senti républicain. Pourquoi ? Il l’a expliqué lorsqu’il est intervenu en faveur de la réélection du Président George W. Bush à la Convention républicaine le 31 août 2004 à New York : il est arrivé en pleine campagne présidentielle, la bataille faisait rage entre Hubert Humphrey qui parlait de ce qu’il croyait identifier comme du socialisme et Richard Nixon qui parlait de liberté d’entreprise et de baisse d’impôts. Venant d’un pays proche du glacis communiste, il a tout de suite adopté les idées républicaines qu’a ensuite soutenues Ronald Reagan dans les années 1980, dont il se sentait très proche (professionnellement aussi).

Sur le plan des idées aussi, Arnold Schwarzenegger s’est toujours senti proche des républicains auxquels il a toujours été fidèle (il a soutenu la candidature de John McCain en 2008), mais il est très éloigné des thèses de Dick Cheney et encore plus de Donald Trump : « La seule façon de faire battre les voix fortes et colériques de la haine est de les confronter à des voix plus raisonnables et plus fortes. Et ça vous concerne, vous aussi, Président Trump. En fait, en tant que Président de ce grand pays, vous avez la responsabilité morale d’envoyer un message sans équivoque que vous ne soutenez pas la haine et le racisme. » lui a-t-il lancé sur Twitter le 17 août 2017 à la suite de la réaction très ambiguë de Donald Trump après les violences racistes à Charlottesville, en Virginie.

Il allait être encore plus clair après la tentative de putsch au Capitole le 6 janvier 2021 en n’hésitant pas, quatre jours plus tard à comparer ces événement à la Nuit de Cristal du 10 novembre 1938 : « Mon père et nos voisins [en Autriche] ont également été induits en erreur par des mensonges, et je sais où ces mensonges mènent. Le Président Trump est un leader raté. Il restera dans l’histoire comme le pire Président de tous les temps. La bonne chose est qu’il sera bientôt aussi hors de propos qu’un vieux tweet. ».

Son modèle politique est toujours la figure de Ronald Reagan ( « a Ronald Reagan Republicain ») : « Je suis inclusif. Je me vois comme ça. Je me vois comme un républicain à la Ronald Reagan, quelqu’un de très très bon pour protéger l’économie, mais aussi bon pour protéger l’environnement. » (dans une interview le 17 janvier 2020 dans “The Atlantic”). Dans le numéro du 7 juillet 2005 de “Paris Match”, il précisait déjà : « Je suis à l’aise dans le parti qui milite pour moins de gouvernement, plus de secteur privé, un parti qui croit à plus de libertés et laisse les gens faire des affaires sans que le gouvernement mette des lois, des impôts et des taxes en travers de leur route. Je suis du parti qui croit à une armée puissante, qui défend l’ordre et la loi, punit les criminels, y compris par la peine de mort. (…) Le Parti républicain va du centre à la droite. Moi, je suis fermement au centre. » (propos recueillis par Régis Le Sommier à Sacramento).

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L’engagement personnel s’est concrètement déclaré en 2003 avec sa candidature au poste de gouverneur de la Californie. Parmi les États les plus puissants d’Amérique, la Californie avait déjà connu un acteur gouverneur entre 1967 et 1975 avec Ronald Reagan. Le mandat de gouverneur de la Californie est de quatre ans et depuis 1990, il ne peut être renouvelé plus d’une fois successivement. Arnold Schwarzenegger a ainsi été gouverneur de la Californie du 17 novembre 2003 au 3 janvier 2011. Ce n’est pas forcément incongru qu’un acteur représente les Californiens dans la mesure où l’industrie du cinéma y est très présente, avec Los Angeles.

L’immigré catholique autrichien a été élu une première fois le 7 octobre 2003 avec 48,6% (4,2 millions de voix) à la suite d’une mise en accusation et récusation (“recall election”) du gouverneur démocrate sortant Gray Davis en place depuis le 4 janvier 1999 (c’est la deuxième fois dans l’histoire des États-Unis qu’un référendum révocatoire a abouti, le précédent a eu lieu le 23 novembre 1921 contre Lynn Frazier, gouverneur républicain du Dakota du Nord). Arnold Schwarzenegger a eu plus d’une centaine de concurrents dans cette élection, en particulier quelques célébrités californiennes, dont Arianna Huffington (éditorialiste politique), Larry Flynt (patron de presse porno), Gary Coleman (acteur qui a longtemps joué Arnold dans la série télévisée “Arnold et Willy”), Mary Carey (actrice du porno), etc. La loi dit que le nouvel élu doit seulement terminer le mandat en cours (commencé en janvier 2003).

Au cours de son premier mandat, Arnold Schwarzenegger, qui n’avait pas de programme politique très précis, a surtout baissé massivement les impôts et réduit les dépenses publiques. Il a parfois déçu, en particulier ses amis autrichiens, lorsqu’il a laissé exécuter plusieurs personnes condamnées à mort, étant lui-même ferme partisan de la peine de mort (comme beaucoup d’Américains, y compris Barack Obama).

Arnold Schwarzenegger a été réélu le 7 novembre 2006 pour un second et dernier mandat avec 55,8% (3,8 millions de voix), soutenu par de nombreux amis souvent démocrates du monde du cinéma, en particulier Steven Spielberg, James Cameron, George Clooney, Dustin Hoffman, etc.

Son second mandat a été beaucoup plus politisé et engagé : Arnold Schwarzenegger a été convaincu par l’importance de prendre à bras le corps les enjeux écologiques et a tourné la Californie dans une position résolument volontariste pour lutter contre le réchauffement climatique, promouvoir les énergies renouvelables avec la grande force de frappe de l’innovation et de recherche de la Silicon Valley, ce qui l’a mis dans le camp des progressistes : « C’est très important pour notre pays, parce que nous avons été le plus gros pollueur du monde (…). Il est temps de travailler avec d’autres pays pour combattre le réchauffement climatique. » (le 17 novembre 2008 lors d’un sommet à Los Angeles).

Et cela l’a amené par la suite à condamner le 2 juin 2017 la remise en question par Donald Trump des engagements pris par les Américains lors de la COP21 : « Un homme ne peut pas détruire notre progrès. Un homme ne peut pas stopper notre révolution de l’énergie propre. Un homme ne peut pas retourner dans le passé. ». Il avait déjà été clair lors de sa venue au Festival de Cannes pour présenter un documentaire qu’il a produit et qui a été réalisé par Jean-Michel Cousteau, fils du comandant Jacques-Yves Cousteau ; dans une interview au “Journal du dimanche” du 23 mai 2017, il a effectivement affirmé : « Il faut se concentrer sur le pouvoir du peuple de changer les choses. (…) Sept millions de personnes meurent à cause de la pollution chaque année. Donald Trump ne peut pas nous arrêter. Je ne pense pas que cela soit dans son intérêt. ! Je lui souhaite bonne chance Cet homme est resté à l’âge de pierre ! » (propos recueillis par Stéphanie Belpeche).

Au cours de ses mandats de gouverneur et même après ses mandats, Arnold Schwarzenegger a eu une activité diplomatique intense. Il a été reçu plusieurs fois à l’Élysée, en France, le 25 juin 2007 par le Président Nicolas Sarkozy, également le 10 octobre 2014 par le Président François Hollande. Il s’est recueilli devant le Bataclan le 5 décembre 2015 avant d’assister à la COP21 comme l’un des invités spéciaux de Ban Ki-Moon et de Laurent Fabius.

C’est d’ailleurs amusant d’entendre l’acteur parler de Nicolas Sarkozy le 25 juin 2007 : « J’ai énormément d’admiration pour lui et je pense que tous les hommes politiques dans le monde l’admirent pour sa politique d’ouverture. Il va insuffler une énergie nouvelle dans les relations entre la France et les autres pays et avec notre État [la Californie]. (…) Il croit à l’ouverture. Pour lui, il faut inclure les gens et non pas voir ceux qui ne sont pas d’accord avec lui comme des ennemis potentiels. C’est quelque chose que j’ai moi-même fait : j’ai fait entrer dans mon cabinet des personnes qui ne pensaient pas comme moi. ».

Après sept ans passés à la tête de la Californie, Arnold Schwarzenegger a quitté son bureau de Sacramento le 3 janvier 2011. Il avait alors 63 ans, un âge tout à fait ordinaire pour briguer la Maison-Blanche. Pourquoi n’a-t-il donc pas poursuivi en se présentant aux élections présidentielles de novembre 2012 ? D’une part, parce qu’il n’avait pas vu d’un mauvais œil l’élection de Barack Obama en 2008 (malgré son soutien à John McCain), et d’autre part, parce que la Constitution des États-Unis le lui interdit : en effet, seuls peuvent être candidats les citoyens américains nés sur un sol américain (ce qui a d’ailleurs suscité des polémiques infondées contre Barack Obama, avec les premières “réalités alternatives”).

Étant né en pleine Styrie, en Autriche, la question ne s’est donc pas posée, il ne peut pas prétendre à présider les États-Unis. Et pourtant, quand on voit ce qu’est devenue l’Amérique de Donald Trump, Arnold Schwarzenegger aurait certainement été un Président largement “valable”, entraînant les Américains dans des réformes profondes pour lutter contre les bouleversements climatiques. Une volonté qu’a bien du mal à mettre en œuvre …l’actuel Président Joe Biden.

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Sylvain Rakotoarison (30 juillet 2022)
http://www.rakotoarison.eu

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