Entretien avec Jessica Chastain : grève à Hollywood, féminisme et musique country

Jessica Chastain fait partie des actrices les plus récompensées de sa génération. En l’espace d’un peu plus d’un an, elle a remporté un Oscar pour Dans les yeux de Tammy Faye, un Drama Desk Award pour sa performance dans A Doll’s House, et a été nommée aux Tony Awards et aux Emmy Awards pour son rôle dans la mini-série George and Tammy.

Pour cette diplômée de Juilliard, tout est lié : sa détermination des premiers jours à enchaîner les auditions, le rythme de croisière qu’elle a trouvé à Hollywood en devenant productrice sur des projets de grande ampleur, et sa manière de gérer des rôles parfois très prenants. Pour la série George and Tammy, par exemple, dans laquelle elle incarne la chanteuse country du duo Tammy Wynette & George Jones aux côtés de Michael Shannon, elle était terrifiée à l’idée de devoir chanter, mais a choisi de faire de sa vulnérabilité une force.

Lorsque nous l’avons rencontrée le mois dernier afin de revenir sur son parcours, elle s’apprête à entrer en grève avec son syndicat d’acteurs, la SAG-AFTRA. Une grève dans laquelle elle croit dur comme fer et sur laquelle elle n’hésite pas à s’exprimer à plusieurs reprises.

Jessica Chastain, en 2011 lorsqu’elle était au casting de The Tree Of Life.

Keith Beaty/Getty Images

Vanity Fair: Tout va bien pour vous en ce moment, on dirait. Vous avez remporté un Oscar, vous venez d’être nommée aux Tony, et vous avez reçu votre première nomination aux Emmy. Qu’est-ce que ça vous fait ?

Jessica Chastain : Ces deux dernières années ont été exceptionnelles. J’ai eu de beaux rôles en tant qu’actrice, mais j’ai aussi œuvré en tant que productrice. Vous savez, c’est important que les femmes, notamment celles qui prennent de l’âge comme moi, s’activent afin de se faire une place à Hollywood. Personne ne le fera à notre place. Dans tous les projets que vous avez mentionnés, Dans les yeux de Tammy Faye, George and Tammy ou A Doll’s House, j’ai été impliquée à la fois en tant qu’actrice et productrice.

Vous avez maintenant une double casquette. Comment avez-vous réussi à vous imposer en tant que productrice ?

C’est compliqué. Une de mes amies, par exemple, essaie de se reconvertir en devenant scénariste. Je trouve ça génial de se réinventer et, en même temps, ça me rend un peu triste qu’une femme soit obligée de le faire. En ce qui me concerne, je suis heureuse d’être productrice, mais j’aimerais aussi que les gens s’intéressent davantage à ce que les actrices ont à dire.

Comment appréhendez-vous l’évolution du secteur depuis vos débuts ? Qu’avez-vous appris ?

Ça a énormément changé, surtout sous l’impulsion du mouvement #MeToo. Aujourd’hui, si vous vous retrouvez dans une situation malsaine, si vous êtes victime d’abus ou de harcèlement, vous n’êtes plus seul. Vous avez des ressources à votre disposition. Avant, vous étiez en permanence témoin de comportements problématiques. Maintenant, ce genre d’attitude ne passe plus. Les gens sont mieux traités. Les blagues sexistes et tout le reste disparaissent. Donc voilà, le secteur se transforme. Pendant ce temps, moi aussi j’ai changé : j’ai beaucoup appris en matière de production et de développement, notamment en fondant ma propre société Freckle Films en 2016. Tout a commencé dans mon salon. On y a travaillé pendant longtemps avant d’avoir enfin nos bureaux ; ce qui est très récent.

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