Bruce Willis : salaire, arnaques… Plongée dans les coulisses de sa fin de carrière

Découvrez les coulisses sulfureuses de la firme Emmett/Furla/Oasis, responsable d’une bonne partie des derniers films de Bruce Willis, tournés à la chaîne et à la qualité discutable.

Plongez dans les coulisses des derniers films de Bruce Willis, de leur méthode de production aux personnes se cachant derrière… Un business à part entière et la découverte des conditions de tournage des séries B et Z de Hollywood à l’heure du déclin du Direct-to-DVD et des opportunités offertes par les plateformes.

Dans les pages de l’ouvrage The Producers, de Luke Ford, Randall Emmett se présente comme ayant pour “cousin éloigné” Jerry Bruckheimer et déclare avoir commencé comme assistant de production sur La Manière forte de John Badham.

Diplômé de la School Visual Arts de New York, il produit plusieurs courts métrages puis son premier long, Eyes Beyond Seeing, qui sort en 1995. Déménagement à Los Angeles, stagiaire chez Bruckheimer, assistant de l’agent pour talents Nick Stein pour un an, assistant personnel de Mark Wahlberg deux ans, Emmett tente des choses, observe, apprend, et rencontre celui qui va tout changer : George Furla, un ancien de Wall Street.

Zuma Press / Bestimage

Randall Emmett

Ensemble, avec peu d’argent, ils produisent en 1999 leur premier projet commun, Speedway Junky. C’est après cette expérience qu’ils se lancent dans l’aventure de la production à plus grande ampleur avec Emmett/Furla/Oasis Films (aussi appelée EFO Films ; (Oasis étant une firme basée à Dubaï).

Pour l’anecdote, dans The Producers, Emmett décrit son comparse comme un “manipulateur réfléchi” et lui-même comme “bruyant et détestable”. A noter que le producteur sera des années plus tard accusé de plusieurs comportements inappropriés et/ou dangereux, à retrouver dans cet article très complet du LA Times.

Les débuts timides

En ce début des années 2000, la “recette EFO” est déjà là. L’idée est d’engager des acteurs connus et appréciés dans un film à petit budget afin d’attirer le public et de pré-vendre le projet à l’international. La plupart de ces projets sont pensés directement pour la vidéo, à une époque où le DVD est en plein boum et rend la VHS complètement ringarde.

Depuis 2021, on appelle le fruit de cette recette des “geezer-teasers“, que l’on pourrait traduire par “teasing de vieux”, pour la façon dont ils mettent en avant sur le matériel promotionnel d’anciennes gloires du cinéma, qui sont davantage sur les affiches que dans le film terminé.

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Tenor.com

Au début des années 2000, les premiers à se laisser tenter sont des acteurs alors en perte de vitesse ou ne trouvant plus de projets prestigieux comme Ray Liotta (dans le très cool Narc de Joe Carnahan), Billy Bob Thornton (En eaux troubles), Charlie Sheen (Le Courrier du coeur), Val Kilmer (Wonderland, Blind Horizon), Steven Seagal (Un aller pour l’enfer, Piège en eaux profondes), Wesley Snipes (Incontrôlable), la liste est longue…

Le tournage se déroule souvent dans un pays où le crédit d’impôts est extrêmement avantageux. Quant au financement du film lui-même, Emmett et Furla vont le chercher n’importe où. Au risque de se mettre parfois à dos leurs partenaires.

La méthode à plein régime

En 2005, ils parviennent à engager des stars alors un peu plus dans l’ère du temps comme Nicolas Cage (The Wicker Man, 2006), John Cusack et Morgan Freeman (Le Contrat, 2006), Al Pacino (88 minutes, 2007), Sylvester Stallone, dont ils financent discrètement le John Rambo (2008) et La Loi et l’ordre avec Pacino ET Robert De Niro.

Une fois ces stars dans leur carnet d’adresses, ils vont les faire tourner à plusieurs reprises dans des films tournés de façon industrielle. Pourquoi les stars reviennent-elles ? Elle touchent la majorité du budget pour un minimum de jours de tournage. Quelques minutes à l’écran pour des cachets délirants.

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Emmy

Selon le Los Angeles Times, pour le récent Salvage Salvation, Robert De Niro aurait empoché 11 millions de dollars pour 8 jours de tournage (post-production incluse) et bénéficié d’avantages délirants comme une semaine dans un hôtel de luxe post-tournage tous frais payés et un jet privé paré pendant 12 mois à l’expédier dans les Caraïbes à la date de son choix avec sur place 100 000 dollars disponibles pour ses frais.

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EFO Films
Le logo d’Emmett/Furla/Oasis

Parmi les habitués de chez EFO, on compte 50 Cent (plusieurs de ses films sont même basés sur des histoires entièrement écrites par ses soins), Robert De Niro (Unités d’élite, Bus 657 et donc Savage Salvation) et bien sûr, Bruce Willis.

La Willisploitation, 23 films en trois ans

Leur collaboration avec Bruce Willis s’ouvre en 2006 avec 16 blocs, réalisé par Richard Donner puis Braqueurs de Mike Gunther (2011). Entre les deux, Willis poursuit sa carrière avec talent, porte des franchises comme RED ou Die Hard 4 ou participe à d’autres sagas comme Expendables.

Cependant, l’acteur n’a pas la réputation d’être facile à vivre sur les plateaux et demande parfois beaucoup d’argent (ce qui lui vaudra d’être absent d’Expendables 3).

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EFO Films
Extrait de “Open Source” (2020)

A cette époque en effet, hormis Looper, Willis semble aller vers l’argent facile avec Die Hard 5, G.I. Joe Conspiration et Sin City 2, tout en tournant des Emmett-Furla comme Sans compromis, Lady Vegas de Stephen Frears puis Fire With Fire – Vengeance par le feu. Sa réputation entachée par ces films médiocres va lui valoir de ne plus tourner majoritairement que cela.

De 2020 à 2023, il apparaît au générique de 23 productions ! Voici le compte de ses films rien que pour la firme EFO à partir de 2015 :

  • 2015 : 3
  • 2016 : 2
  • 2017 : 1
  • 2018 : 2
  • 2019 : 2
  • 2020 : 2
  • 2021 : 4
  • 2022 : 3

A titre d’exemple, les détails du contrat de Willis pour Open Source, signé en 2020, impliquent qu’il soit payé 1,5 million de dollars pour 4 jours de tournage (post-production incluse), qu’il bénéficie d’une garde-robe et d’un maquilleur personnel, d’un assistant exclusif et assure qu’il aura une loge première classe avec divers services.

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EFO Films
Extrait de “La Proie” (2021)

Le contrat Emmett/Furla précise qu’une personne doit être engagée pour lui souffler ses répliques par oreillette, payée 4 150 dollars par semaine, plus 830 dollars chaque jour supplémentaire. Il est inscrit que ce souffleur doit aussi avoir un rôle parlant dans le film, et qu’il logera dans l’hôtel de Willis avec 75 dollars par jour à y dépenser.

Pour être équitable, Bruce Willis a également beaucoup tourné pour une autre firme de DTV, “308 Ent”, qui de 2020 à 2022, l’a placé au générique de huit films, tous plus oubliables les uns que les autres (citons par exemple White Elephant). Ces productions sont difficiles à distinguer de celles d’Emmett/Furla sur la forme, seul un oeil attentif aux logos de début de générique pourra faire la différence.

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308 Ent
Extrait de “Paradise City” (à sortir en avril)

Si dans les dernières années de sa carrière, Bruce Willis a tant tourné, et dans des productions fauchées, c’est avant tout en raison de l’aggravation d’une démence fronto-temporale, une maladie dégénérative (l’acteur n’a que 67 ans). On peut alors comprendre son empressement à tourner des films à la chaine afin de payer ses frais médicaux et probalement mettre les siens à l’abri du besoin.

Triste fin pour le héros de Piège de cristal, L’Armée des douze singes et du Cinquième élément, que la maladie a frappé alors qu’il n’avait pas 65 ans. Trop malade pour tourner, il est désormais officiellement à la retraite.

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Bruce Willis : salaire, arnaques… Plongée dans les coulisses de sa fin de carrière