emilia clarke universe
Emilia Clarke n’est pas la première célébrité à se lancer dans l’écriture de comics. Avant elle, il y a entre autres eu le catcheur CM Punk avec la série Drax de 2015. Et prochainement, Iman Vellani va scénariser Miss Marvel, personnage qu’elle a incarné dans la série du même nom sur Disney+. Alors que Clarke soit passé par là aussi n’a rien d’absurde sur le papier.
Surtout que l’actrice est plutôt bien entourée pour sa mini-série de trois numéros – sorti en 2021 aux États-Unis et arrivant ce 23 août en France chez Panini Comics. Sa co-scénariste, Marguerite Bennett, est rodée aux super-héroïnes puisqu’elle a notamment travaillé sur A-Force (une équipe Avengers féminine). Aux illustrations, il s’agit de la Française Leila Leiz issue du milieu indépendant.
Une mise en page de toute beauté
La première surprise de Mother of Madness est de constater qu’il est presque un biopic fantasmé d’Emilia Clarke. L’exemple le plus frappant est le visage de l’héroïne, Maya, calqué sur celui de l’actrice. N’oublions pas aussi les références à Daenerys de Game of Thrones, personnage qui a révélé Clarke. Outre le fait que l’héroïne apparaisse sur une télévision, son surnom de Mother of Dragons fait fortement écho au titre du comics.
Et que l’histoire soit celle d’une maman dotée de multiples pouvoirs un peu à la manière de la Skrull qu’Emilia Clarke va incarner deux ans plus tard dans Secret Invasion est assez prophétique. À la différence que les dons de Maya s’activent en réponse à ses émotions, une idée plutôt cool.
Bientôt le Meta Clarke Universe
deadpool en plus énervant
Malheureusement, Mother of Madness se vautre dans une écriture façon sous-Deadpool pas drôle et chargé de références évidentes. Très maladroitement, le scénario essaie de se la jouer cool en moquant les poncifs de l’origin story de super-héros auxquels elle répond. Sur la check-list des clichés du genre, on peut cocher : les parents scientifiques, une héroïne orpheline, un vilain avec un plan de domination mondiale, etc. Avec ça, le quatrième mur est tellement brisé que ça en devient un comptoir de bar sur lequel s’appuie le personnage pour nous parler.
Super-Skrull
Comme si ça ne suffisait pas, M.O.M. s’emmêle avec trop de flashbacks explicatifs au détriment d’un présent qui ne raconte rien. Évidemment, le développement de l’histoire en pâtit en enchaînant des événements quitte à sacrifier la logique et les émotions. Résultat : on ne s’attache à personne.
Cette incapacité à mettre en place ses éléments narratifs s’incarne particulièrement dès la première page. Maya étale toute sa vie, ses peurs, ses envies comme dans un CV de son état d’esprit. L’écriture faiblarde du comics donne à l’héroïne un effet Harley Quinn du Suicide Squad de David Ayer (ce qui n’est pas une bonne comparaison), puisqu’on nous rabâche que le personnage est trop “fou”, mais que le comics ne montre jamais rien.
She’s so crazy ! Love her !!!
mother of maladresse
Et si les 152 pages du comics ne suffisent pas à déployer un récit clair, c’est parce qu’elles sont inondées de l’envie d’Emilia Clarke et de Marguerite Bennett de parler féminisme. Ce n’est pas une mauvaise idée en soi, mais entre le regard des hommes, la femme-objet, les règles, le traitement du corps des hommes, la domination masculine… tout se marche dessus.
Ainsi, bien que complètement valide, le discours envahit tous les pores de l’histoire et n’est jamais mis en scène. Chaque case, chaque bulle vient remettre le couvert sur le message du comics au point où il vient s’imprimer dans l’intérieur des paupières du lecteur. De fait, les pouvoirs de Maya servent à peine un récit dont le sous-texte a pris toute la place.
VDM
Le comics a alors plus des airs d’essai très inspiré graphiquement sur la masculinité toxique et le féminisme, qu’une véritable aventure super-héroïque. Le problème est qu’aussi belles soient les planches de Leiz, elles sont tachées de pavés de textes infinis lancés au lecteur. Ce qui est dommage, puisque les illustrations donnent tout le vivant à un comics où les personnages s’écoutent parler.
Malgré son message indiscutablement juste sur le quotidien d’être fille et femme dans notre société, Mother of Madness manque cruellement de dosage pour le délivrer. Ça en arrive à un point où il étouffe l’intrigue, les dynamiques pleines pages et le lecteur.
Mother of Madness est disponible à partir du 23 août 2023 chez Panini Comics France.
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Avant Secret Invasion, Emilia Clarke a écrit un comics à la Deadpool (et c’est pas fou)