Alan Rickman n’est pas tendre avec Harry Potter dans ses mémoires

Le 18 octobre prochain, « Madly, Deeply: The Alan Rickman Diaries » (À la folie, passionnément : journaux de Alan Rickman), rejoindra les rayons des librairies anglophones. Ce livre, préfacé par Emma Thompson (Trelawney), dévoile au grand public les journaux intimes de feu Alan Rickman, incarnation, notamment, de Severus Rogue.

Dans ces journaux, Rickman notait quelques bribes d’événements marquants et certaines de ses réflexions. De par leur nature, ces textes sont parfois difficiles à décrypter ; il s’agit de réflexions personnelles destinées, originellement, à leur seul auteur, avant d’être envisagées pour publication par l’acteur lui-même. Certaines entrées restent néanmoins très claires, et ce que l’acteur a à dire sur la saga Harry Potter n’est pas toujours très flatteur !

En effet, des extraits du livre ont été publiés à quelques jours de sa sortie officielle. Dans ceux-ci, de nombreux passages concernent la saga. On découvre notamment que l’acteur a, plusieurs fois, souhaité abandonner le rôle ; qu’il trouve la musique de John Williams « hideuse » ; et qu’il pensait que Daniel Radcliffe ne serait jamais un grand acteur. Heureusement, Rickman se montre parfois aussi positif à propos de la saga.

« Qu’en est-il du scénario ??? »

Les quelques bribes de textes suggèrent que l’acteur entretenait un rapport complexe à la saga, à l’image de son personnage. Si son ressenti vis-à-vis des jeunes acteurs semble évoluer positivement au fil des films, le produit fini semble rarement convaincant à ses yeux. Le tournage, lui, transparaît presque comme une corvée. On découvre également un acteur politiquement très engagé et souffrant régulièrement d’insomnies.

Harry Potter à l’école des sorciers

Autour du premier film, Alan Rickman évoque d’abord les essayages (21 septembre 2000), « le mesurage de l’enfer« , avec toutes les questions qui se posent : « col plus haut ? tissu bleu ? manches plus fines ? […] perruque ? Prothèse de nez ?« .

Le 6 octobre 2000, il discute pour la première fois avec J. K. Rowling : « Il y a certaines choses dont seuls Rogue et vous avez connaissance ; j’ai besoin de savoir« . Elle n’est pas seule et ne peut pas lui parler librement. Elle lui demande de rappeler le lendemain : « Vous avez raison. Personne d’autre n’est au courant. » Comme prévu, le lendemain elle lui livre « anxieusement » quelques secrets. « C’est comme parler à quelqu’un qui vit ces histoires, elle ne les invente pas. Elle transmet – débordante de ‘quand il était jeune, ceci et ça, et voilà ce qui s’est passé’ – jamais de ‘j’ai décidé que…’?« 

Son premier jour de tournage se déroule au château de Alnwick, le 10 octobre. Il se rend en train à Newcastle depuis King’s Cross, en partant à 11h (de la voie 9 3/4 sans doute ?), et passe 3 heures à essayer de nouveaux maquillages : « le visage pâle = vieilli beaucoup. Prothèse de nez impose beaucoup de maquillage, etc… L’atmosphère est chaleureuse et un peu chaotique. » Deux jours plus tard, « Rogue semble prendre vie » grâce à des cheveux plus bleus et un costume plus ajusté.

De premiers doutes

Le 11 décembre, il tourne à nouveau des scènes pour la saga. Dans la Grande Salle, il retrouve Maggie Smith, Zoë Wanamaker, Ian Hart, Richard Harris, « tous plaisants et drôles, chacun à leur façon« . On sent cependant que quelque chose ne tourne pas rond : « On ne filme la scène que pour cocher une case – pas de grand discours sur les enjeux et ce à quoi chaque personnage pense. Peut-être par manque de temps ? Trop de monde impliqué dans les décisions ? Ils ont fait un chapeau pour Rogue. Un chapeau ? Pour Rogue ? Heureusement, Chris Columbus est aussi drôle et plaisant. On devine ce qu’il pense, ce qu’il attend. Et si vous vous en écartez, il intervient. Donc tout se se fait, et semble aller.« 

Les jours qui suivent, la scène se répète. « J’espère que l’intense réflexion se verra dans le film » (12 décembre) ; « Hymne de Poudlard » (14 décembre) ; « Encore la Grande Salle. Et de la dinde. Et l’hymne » (15 décembre) ; « Troll dans les toilettes » (18 décembre)… avant de signaler le 22 décembre à son agent qu’il « [ne peut pas signer] le deal pour Harry Potter [en l’état]« .

Alan Rickman nest pas tendre avec Harry Potter dans ses

Alors que la fin du tournage approche, Rickman n’en peut plus (14 février 2001).

Cette scène me met dans un état de concentration/repli familier qui me déplaît. Un mur entre moi et des innocents (maquillage, les enfants) qui n’osent pas m’adresser la parole. Et je m’emporte à propos des caravanes. Le système de classes sociales britannique est partout. Qui veut même y songer ?
La prise était-elle bonne ? Ou juste robotique ?

Lors de son dernier jour de tournage (19 février), on ressent un certain soulagement. « À la fin de la journée, Hedwige traverse la Grande Salle et dépose le Nimbus 2000 sur les genoux de Harry. Dave, le dresseur, n’a pas dormi de la nuit, angoissé. Des choses simples, merveilleuses.« 

La promotion du film

Le 23 Octobre 2001, Rickman reçoit un appel du producteur David Heyman qui lui affirme qu’il est brillant dans le rôle de Rogue. Une fois rentré chez lui, il découvre le programme des interviews pour la promotion du film. « Monumental et intenable. Le coup de fil de David Heyman était, bien entendu, pure coïncidence« .

Dix jours plus tard, l’acteur découvre le film lors de l’avant première. Le verdict semble implacable, même si certains le verront comme ironique.

Le film ne peut être regardé que sur grand écran. Cela lui donne une profondeur et une dimension à la hauteur de l’hideuse bande-originale de John Williams. L’après-soirée au Savoy est beaucoup plus amusante.

Alan Rickman

Harry Potter et la Chambre des secrets

L’acteur reprend malgré tout le tournage pour le deuxième film de la saga. Le 9 janvier 2001, il fait de nouveaux essayages pour ajuster son costume. Il retrouve le tournage cinq jours plus tard.

(j’écris ceci souffrant du parfaitement-réveillé-à-2-heure-du-matin) Agréable de tous les revoir, mais c’est comme un rêve. Comme si ça n’avait jamais pris fin. Et, d’une certaine façon, c’est le cas – ça ne finira jamais…

Les mois passent. Le 2 avril, l’acteur filme avec Miriam Margolyes et Jason Isaacs dans la tribune de Quidditch. Il semble tolérer le tournage : « L’habituelle scène de hoche-la-tête-vers-les-chiffres, mais plus efficace cette fois, et c’est fini avant le déjeuner« .

Les extraits dévoilés sont très incomplets sur cette année 2001. Cependant, le 4 décembre, Alan Rickman exprime son envie de quitter la franchise.

Discussion avec Paul Lyon-Maris [agent] pour quitter HP. Il pense que ça peut se faire. Revoilà le sujet des conflits de projets. Je répète : plus de HP. Ils ne veulent pas l’entendre.

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Harry Potter et le Prisonnier d’Azkaban

L’acteur reprend le tournage le 13 mars 2003. Un mois plus tard, il semble déjà désabusé. « Table des profs avec David Thewlis, Michael Gambon, Maggie Smith, Warwick Davis. Encore la même chose, en fait. Que faire d’autre que tourner la scène – une chorale, 300 enfants, un discours. Des gens lisent au fond.« 

Rickman remarque l’évolution de certains des jeunes acteurs, mais il reste sceptique et moyennement convaincu par leur talent. Il se montre même plutôt dur avec Daniel Radcliffe :

(2 mai) Il se concentre tellement désormais. Sérieux, méthodique… mais avec un sens de l’humour. Je ne pense toujours pas qu’il soit véritablement un acteur. Il sera sans aucun doute réalisateur/producteur. Et ses parents le soutiennent tellement dans l’ombre. Rien n’est forcé.

Il critique également Emma Watson et plaint Alfonso Cuaron, non sans pester sur les conditions de tournage :

(30 juillet) Classe de Lupin/Rogue. La journée a brillamment commencé avec l’écran s’abattant sur ma tête. Un trou noir soudain et bref, suivi d’une journée de mélancolie. Alfonso m’a doucement remonté les bretelles. Je l’apprécie trop pour laisser durer, j’ai quitté le plateau et on s’est expliqué. Il subit l’habituelle pression HP et commence même à répéter les mouvements de caméra avant les acteurs. Et ces gamins ont besoin de direction. Ils ne connaissent pas leur texte et la diction de Emma s’approche parfois de l’Albanais. En plus, mes prétendues répétitions sont avec une doublure française.

Ce troisième opus semble néanmoins être le premier (et le seul) que l’acteur apprécie. Le 23 mai 2004, jour de l’avant-première, il écrit :

Alfonso a fait un travail extraordinaire. C’est un film tellement mature, plein d’audace qu’il m’a fait sourire et sourire encore. Chaque plan est l’œuvre d’un artiste et maître conteur. Des effets incroyables qui contribuent à la vie du film, pas de la poudre aux yeux.

Il compare également l’arrivée sur place à l’impression d’être un membre des Beatles.

Harry Potter et la Coupe de feu

De retour pour le tournage du quatrième film, Alan Rickman évoque la scène lors de laquelle Rogue frappe la tête de Harry et Ron : « il va inévitablement y avoir polémique sur les châtiments corporels » (28 septembre 2004).

L’acteur évoque également « un discours impossible à mémoriser » dans le bureau de Dumbledore en présence de Maggie Smith, ce qui déclenche de nombreux fou-rires. Maggie Smith en rajoute, en parlant de l’avant-première du film Les Dames de Cornouailles, lors de laquelle « Miriam Margolyes ressemblait à un char d’assaut à paillettes. » (11 novembre 2004)

Le 13 décembre marque ce qui devrait être son dernier jour de tournage pour le film. L’acteur doute cependant : « HP. LAST DAY?« . Il tourne une scène avec Predrag Bjelac (Karkaroff), ce qu’il présente comme « travailler avec un buffet sur roue« . En précisant cependant : « Aucun lien avec sa personnalité, (il est nuancé et agréable), plutôt avec sa tendance à vous rentrer dedans à tout moment« .

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Ce quatrième film ne semble cependant pas être un grand cru.

Je me sens tellement maltraité dans ce film, malgré les bonnes intentions de Mike Newell (réalisateur). Il subit la pression, comme Alfonso, et seule la prise compte [pas l’humain]. On ne parle vraiment de la scène qu’après la quatrième prise. Plus ça change [NdT : en français dans le texte. Indique un sentiment de résignation à l’idée que les choses ne changeront justement jamais].

Harry Potter et l’Ordre du Phénix

Début 2006, Alan Rickman est opéré pour un cancer. Cela fait plus d’un an qu’il a achevé le tournage de La Coupe de Feu, et il n’est pas certain de revenir pour la suite de l’aventure.

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Le 30 janvier, quelques semaines après son opération, l’acteur accepte finalement de reprendre son rôle. Il ne dit pas, dans les extraits déjà publiés, qui l’a convaincu : « J’ai finalement dit oui pour HP5. Sans enthousiasme ni amertume. L’argument qui l’emporte est : va au bout, c’est ton histoire« .

Il reste cependant affecté par le personnage et le déroulement du tournage.

(12 avril 2006) Je me rends compte que quelque chose se produit dès que j’enfile les bagues et le costume de Rogue. Impossible d’être ouvert, souriant, de faire la conversation. Le personnage m’enferme, m’étouffe. Rien de bon sur un tournage. J’ai rarement été aussi peu communicatif avec une équipe. Heureusement, Dan remplit ce rôle avec charme et aisance. Et jeunesse.

Harry Potter et le Prince de Sang-mêlé

Avant de retrouver les équipes pour tourner le sixième film, début 2008, l’année 2007 est marquée par la sortie du dernier tome de la saga. Le 20 juillet, Alan Rickman se rend dans une librairie avant minuit pour obtenir le livre attendu par des millions de personnes. « Je m’attendais à voir 20 ou 30 personnes dans la file. J’en compte probablement 300-400. Ça avance lentement. »

Après une heure dans la file, l’acteur décide finalement de demander à un agent de sécurité de le laisser passer. Ce dernier n’a pas lu les livres, ni vu plus d’un film ; il ne reconnaît pas l’acteur. « Je suis dans les films. Si je rentre dans la file, ce sera le chaos« , explique-t-il donc à l’agent qui le laisse finalement entrer après qu’un manager lui donne le feu vert.

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Une semaine plus tard, il achève sa lecture.

Rogue meurt en héros. Potter le décrit à ses enfants comme l’un des hommes les plus courageux qu’il ait connu et baptise son fils Albus Severus. C’était un véritable rite initiatique. Une bribe d’information dispensée par Jo Rowling il y a sept ans – Rogue aime Lily – qui m’a donné une prise à laquelle me cramponner.

Retour au film

Le 4 février 2008, Alan Rickman reprend le tournage. Il se réjouit de ne pas avoir besoin de renfort pour les coutures de son costume.
Ses premières scènes sont tournées à la Cathédrale de Gloucester (7 février), où il est accueilli par des paparazzi. Le cloître est glacial. Il retrouve Maggie Smith « vulnérable et rebelle – simultanément« .

Ce nouveau film est une opportunité pour Alan de travailler plus étroitement avec Tom Felton. « La véritable histoire de cette aventure en-six-épisodes-jusque-là : il y a peu, il y avait tous ces jeunes enfants… et aujourd’hui ? » L’acteur semble impressionné par la maturité des jeunes acteurs.

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Le 10 mars 2008, l’acteur tourne les scènes de l’Impasse du Tisseur avec Helena Bonham Carter et Helen McCrory. « La phrase ‘sort ta baguette’ provoque l’hilarité inarrêtable d’Helena, et causera probablement une petite débâcle jeudi. Helen McCrory se dit terrifiée, mais elle trouve parfaitement sa place dans le chaos.« 

Avec le temps, on sent l’évolution du ressenti de Alan Rickman vis-à-vis de certains collaborateurs. Fin 2008, il déjeune avec Daniel Radcliffe. « Un instant il avait 12 ans, voilà qu’il en a 19. Quand est-ce arrivé ? Il est sensible, intelligent, posé. Et possède un F3 à New York.« 

Malheureusement, si le ressenti lié au tournage semble moins négatif dans les extraits dont nous disposons, le résultat final reste catastrophique aux yeux de l’acteur. Lors de l’avant-première du film, le 9 juillet 2009 à New York, il indique :

Fête au Musée d’Histoire Naturelle. L’envie de s’empiffrer et, plus encore, de boire, n’a d’égale que celle de fracasser le crâne des trois David [David Heyman, David Barron, et David Yates, producteurs et réalisateur] contre le mur le plus proche. J’admets l’importance de faire évoluer les personnages et les effets épatants (éblouissants), mais qu’en est-il de l’histoire ???

Harry Potter et les Reliques de la mort

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Aux alentours du 2 Juillet 2009, il signe pour les derniers films de la saga.
« Et personne n’a été émasculé ce faisant« . Ce commentaire en dit long.

La mort de Severus Rogue

Fin novembre, l’acteur tourne la confrontation finale de Rogue et Voldemort avec Ralph Fiennes. Il évoque un désaccord avec le réalisateur, David Heyman et parle du « hangar » pour désigner les studios.

(25 novembre) Froid, humide, plein de courants d’air. Mais l’équipe technique semble tellement éloignée, Ralph et moi sommes plus libres de progresser vers cette scène. David Yates est toujours aussi borné. Il veut que Voldemort me tue d’un sortilège. (Incompréhensible, sans parler de la future colère des fans). Néanmoins, travailler avec Ralph est super. Sincère et juste, et inventif, et libérateur.

À la maison, Rima (boîte à idée narratives) [sa femme] déclare “Il ne peut pas te tuer avec un sort. Le seul qui fait ça, c’est Avada Kedavra, et il tue instantanément. Tu ne pourrais pas finir la scène.”

Le lendemain, il tourne enfin « la mort de Rogue« .

Près de 10 ans plus tard. Au moins ça se joue entre deux acteurs… David est vulnérable et touchant quand il est excité. Et il l’est par cette scène. C’est l’exemple parfait de ce qui peut se produire lorsque deux acteurs s’emparent d’une scène sur le papier à travers l’histoire, le décor et leur partenaire. Le hangar à bateaux de Stuart Craig (décorateur) confère une atmosphère éternelle et grandiose. Comme je l’ai dit à David – c’est épique et japonisant.

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Cependant, un mois plus tard, Rickman est toujours dans ce même décor, avec le trio cette fois. L’amertume reprend le dessus.

(14 janvier) – Après une nuit d’insomnie totale. Scène 305 – le dernier soupir de Rogue.
Me voilà avec Dan, Emma et Rupert, 10 (?) ans plus tard. (Emma s’est absentée de l’université de Brown). Du sang partout sur la gorge après l’attaque d’une Nagini imaginaire. Tous trois froncent encore les sourcils et sont un peu essoufflés. Difficile de se remémorer des scènes spécifiques, parce que les décisions sont prises dans les bureaux et pas sur le plateau. David Yates nous rappelle ce que pensent nos personnages et pourquoi (nous rappelle parfois l’intrigue…) et un fragment de créativité s’effrite.

Les souvenirs du Prince

En mars, Rickman répète et tourne les scènes avec Michael Gambon. Ce dernier se fait vieux et lui confie son angoisse à l’idée d’oublier ses lignes de texte. Pourtant, il joue « La Dernière Bande » au théâtre ; Rickman en vient à se demander si le problème ne vient pas plutôt du scénario du film lui-même.

Le 10 mars, l’acteur est confronté à la fragilité de celui qui incarne alors Dumbledore, et qu’il admire manifestement.

[Michael] est affaibli après sa maladie et la prise principale d’hier n’était pas une promenade de santé pour lui. Son texte est un vrai problème pour lui. La technologie aide, et pourquoi pas ? Ce n’est jamais plaisant quand les trous de mémoire s’en mêlent – pas de laisser-aller, aucune liberté, pas d’échange. J’aurais des prompteurs et des indices disséminés partout. Et malgré tout, quand il libère une once de magnificence, c’est sans effort et hypnotique.

La fin d’une ère

Le 29 mars 2010 marque le dernier jour de tournage de la saga pour Alan Rickman. Lui-même ne parvient pas à mettre les mots sur ce sentiment surréaliste.

J’ai du mal à y croire. Je pense que même Dan a été frappé par cette finalité. Il y avait des caméras partout (pour documenter). [On me demande] « Alors, ça fait quoi ? » Avant même d’avoir eu le temps de ressentir, de nommer ce sentiment. « C’est privé, et je ne le partagerai pas avec ça« , j’articule en pointant l’objectif.

Il y a quelque chose dans la boîte, maintenant achevé. Merci Jo.

Quelques mois plus tard, le 7 août, la fin officielle du tournage est célébrée « chichement » au studio. L’acteur se met en route pour la fête à 13h45 ; « Budget limité, en tout cas pour le buffet. A 14h30, il n’y avait presque plus rien« .

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Presque un an après cette première fête, le 7 juillet 2011, tout s’achève véritablement sur Trafalgar Square, avec l’avant-première des Reliques de la Mort – Partie 2. Dans son style lapidaire, Alan Rickman évoque des fragments de l’événement, mais livre également son ultime verdict sur le film.

Une fois sur place, du tapis rouge partout. Un grand écran, une scène, une interview et des milliers de cris, des chants « Snape, Snape, Severus Snape »… Le tapis serpente jusqu’à Leicester Square pour la projection à 20h.
Le visionnage est déstabilisant. Le film change son fusil d’épaule au milieu pour raconter l’histoire de Rogue, et la caméra se perd. Le public, néanmoins, très content.

En nuances de gris

Les extraits rapportés et commentés ici ne sont probablement qu’un fragment de ce que le livre permettra aux fans de découvrir sur les coulisses de la saga. Sans artifice, ces journaux nous livrent les pensées de Alan Rickman à l’état brut. Tantôt touchantes, tantôt sarcastiques, caustiques, voire franchement assassines, ces bribes ne laisseront personne indifférent.

Certains retiendront ses critiques acerbes des films de la saga, ou de l’industrie du cinéma et du showbusiness ; d’autres souligneront, au contraire, son choix d’incarner Rogue jusqu’au bout, « suspendu à la falaise » grâce aux quelques indices dont il disposait. Ce livre devrait pourtant nous rappeler qu’au-delà d’un mythe, Alan Rickman était un homme, tout en nuances. Qu’il pouvait juger ses pairs cruellement parfois, mais qu’il était également capable de réviser son jugement.

Et, s’il y a une leçon que les fans peuvent tirer de tout ça, c’est sans doute qu’il est possible d’aimer l’univers de Harry Potter tout en restant critique vis-à-vis de ses défauts.

Commander le livre (en anglais)

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Aucune sortie n’est annoncée en Français à l’heure actuelle.

Sources : The Guardian, via Snitchseeker, « Madly, Deeply: The Alan Rickman Diaries« .

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